Usage des drogues en milieu rural Trend-Toulouse (Étude)
💎 action locale modèle (Haute Garonne)
Une étude très intéressante sur les problèmes particuliers posés par l'usage des drogues en milieu rural… mais aussi des pistes d'action.
Les drogues en milieu rural Trend Toulouse
Extraits
La Mobilité p.23
La dispersion des populations sur l’ensemble des territoires démultiplie les situations où les usagers des zones non polarisées vivent à plusieurs dizaines de kilomètres de la première structure spécialisée, de réduction des risques ou de soins.
L’ensemble des professionnels en addictologie exerçant en zones rurales constate que l’accès aux dispositifs d’accompagnement ou de prise en charge est fortement conditionné par des problèmes de mobilité. L’absence dans certaines zones rurales de professionnels de santé de premier recours qui peuvent prendre en charge ces usagers23 entraine une obligation de mobilité pour les usagers de drogues qui souhaiteraient réduire les risques ou entrer dans une prise en charge en addictologie.
Pour cette observatrice, « En A., le train ne fonctionne plus, c’est cela le souci. Il y a des problèmes de mobilité. En alimentant un automate, on croise des gens qui habite à 60 bornes et qui exceptionnellement, ils faisaient un truc sur R. et du coup, ils en profitaient pour utiliser l’automate ». Pour une responsable d’un CAARUD, « En Ar, on est sur département rural avec de gros problèmes de mobilité ». Matériellement, pour les usagers de drogues actifs habitants en zones rurales non polarisées, il est difficile, voire extrêmement difficile, d’accéder à des lieux d’accueil ou à des services en addictologie.
La notion de mobilité ne se réduit pas à la seule dimension matérielle, même si cela joue très fortement. Faire la démarche d’aller vers un dispositif de réduction des risques pour un usager de drogues actif n’est pas simple, même quand le dispositif est à une distance raisonnable de son « chez soi ». Si on rajoute à cela des dizaines de kilomètres, des transports en commun aléatoires et des horaires d’ouverture des permanences de CAARUD réduites du fait de moyens limités, la mission devient très périlleuse.
Ce phénomène est tel que cette professionnelle de CAARUD constate que par exemple, « on observe à St G. (…) on voit des usagers de drogues actifs qui n’ont jamais rencontré la RdR ! ».
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Des professionnels qui innovent p.25
Face à ces constats, en Midi-Pyrénées les professionnels et les réseaux de professionnels inventent des formes d’intervention innovante. Certains construisent des réseaux qui maillent les territoires. D’autres s’appuient sur les professionnels du secteur social pour développer des offres de prises en charge délocalisée. D’autres encore sillonnent les routes pour aller vers des populations en demande de réduction des risques et de prise en charge et pour qui rien n’est possible. D’autres, enfin, pour diffuser les messages et les matériels de réduction des risques s’appuient sur des usagers relais qui leur permettent d’accéder à des personnes qui n’auraient jamais connues la prévention autrement.
Pour ce professionnel de CAARUD, « sur St A. (zone rurale non polarisée) on a récupéré 3000 seringues avec deux gars, c’est-à-dire qu’ils récupéraient des pompes (…) après on a jamais vu ces gens, des gens qui travaillent, des gens qui ne veulent pas être connus… »
Ce professionnel indique qu’ « il est arrivé au CAARUD d’apporter des kits à des usagers au plus prêt de leur résidence. Pas à domicile, mais comme on a des bureaux dans différents lieux il est possible d’accueillir des usagers sur ces moments-là. (…) Soit ce sont les usagers entre eux, soit ceux sont les travailleurs sociaux qui orientent »