Santé mentale des sans-abri : faut-il intervenir davantage ?

Un article de Jean-Luc Dubreucq dans la revue Psychiatrie et violence (2008).

Santé mentale des sans-abri : faut-il intervenir davantage ?

Résumé

40 % des personnes sans domicile fixe de Montréal souffrent d’un trouble mental grave. Cette situation alarmante a des causes complexes. Prises isolément, aucune ne peut prétendre tout expliquer. Parmi elles, l’état actuel du droit interpelle plus particulièrement les psychiatres et les juristes dans leur devoir de protéger les personnes les plus démunies. En effet, on ne peut plus se contenter d’invoquer la désinstitutionnalisation pour expliquer la forte proportion de malades mentaux parmi les itinérants. Il faut aussi considérer le fait que les soins sont désormais donnés en tenant compte du choix des personnes qui les reçoivent. Ce respect de l’autonomie des patients est le plus souvent bénéfique mais il a aussi pour conséquence de laisser à elles-mêmes, dans un état d’extrême indigence, sans même la capacité de crier au secours, des personnes gravement malades et en rupture de soins. Il est urgent d’opposer à ce nouveau visage de l’exclusion, un devoir d’ingérence envers les personnes bafouant, bien malgré elles, leur propre droit à recevoir soins et protection. Cliniciens et juristes doivent travailler ensemble pour définir les contours de ce devoir d’intervention. Il devront trouver un nouvel équilibre entre le besoin de soins et le respect des libertés.

Mots clés : sans-abri, sans domicile fixe, itinérance, trouble mental grave, toxicomanie, loi, autonomie, ingérence